Daltonisme


    Le daltonisme est une particularité qui affecte la vision des couleurs.

Cette maladie est nommée ainsi en hommage au chimiste anglais John Dalton qui écrivit un livre sur ce sujet en 1798 grâce à l’analyse de ses propres symptômes.

Elle est liée à une anomalie dans des cellules photoréceptrices de la rétine appelées cônes (responsables de la vision des couleurs) et bâtonnets (qui détectent le noir, le blanc, et de nombreuses nuances de gris). 

 

    L’anomalie la plus connue est celle qui affecte la perception du vert et du rouge, mais il en existe de plusieurs types, et dans les cas les plus graves on peut ne distinguer aucune couleur.

Aussi appelée « dyschromatopsie », cette déficience visuelle est congénitale, c’est à dire qu’elle est présente dès la naissance et n’évolue pas au cours de la vie.

 

Causes du daltonisme


  • Des médicaments : antibiotiques (éthambutol utilisé dans le traitement de la tuberculose), anti hypertenseurs, antipsychotiques (chlorpromazine et thioridazine).
  • L'exposition à certains produits chimiques : le styrène (se trouve dans certains plastiques), désulfure de carbone.
  • Des maladies : diabète, sclérose en plaques, maladie d’Alzheimer, maladie de Parkinson, cataracte (peut provoquer une atténuation de la perception des couleurs), glaucome (endommage le nerf optique et peut donc altérer la distinction des couleurs ou nuances), DMLA et rétinopathie diabétique (détruisent la rétine, même résultat).
  • La génétique : C’est la principale cause du daltonisme. En effet, le daltonisme est une maladie héréditaire liée à une mutation de 3 gènes à l’origine de la structure des pigments visuels. Les gènes codant pour les pigments des cônes L et M à l’origine de la perception des couleurs rouge et verte sont tous deux situés sur le bras long du chromosome X. Avant tout, il faut savoir que lors de la méiose, les chromatides des chromosomes homologues peuvent échanger deux segments : c’est ce qu’on appelle le crossing-over.
    Si les portions de gènes échangés ne sont pas équivalentes, une des chromatides possède des gènes répétés alors qu’ils sont absents pour l’autre. La personne qui hérite du chromosome ne contenant pas le gène aura des chances d’être dichromate, tandis que l’autre sera trichromate (vision colorée normale, le gène supplémentaire n’a pas d’effet apparent).
On voit une paire de chromosomes doubles avec 2 gènes OPN1mw. Il y a un échange de 2 segments de chromosomes au niveau d’un chiasma, puis séparation. La proportion échange n’est pas équivalente donc on a 1 chromosome avec 3 gènes et un avec un gène.

    Il peut aussi exister une anomalie due à une rupture dans le gène qui le sépare alors en deux.

Une partie des exons codant l’iodopsine M est transférée vers le gène codant l’iodopsine L et vice versa.

La grande ressemblance entre le pigment rouge et le vert explique ces recombinaisons, qui entraînent la création de gènes hybrides rouges/verts et délaissent les gènes du pigment vert.

Ce gène code pour une certaines séquence d'acides aminés.

Ces substitutions d’acides aminés vont alors modifier les protéines pigments créées à partir de ces gènes, qui voient alors leurs courbes d’absorption des longueurs d’ondes décalées. Cela entraîne donc une anomalie dans la vision des couleurs.

Voici un petit résumé : 

On dit souvent que seuls les hommes sont touchés par le daltonisme… Est-ce vrai ?


    (Attention, ce qui suit ne concerne que la forme la plus courante du daltonisme).

Et bien non !

Certes, la majorité des personnes touchées par le daltonisme sont des hommes, mais tout le monde peut en être affecté. D’après de nombreuses études, 7 à 8% des hommes seraient touchés. C’est énorme ! Cela fait environ un homme sur 12, alors que, par exemple, moins d’1% des femmes sont daltoniennes.

 

Pourquoi ?

 

    Car les fameux gènes responsables de la vision des couleurs dans le cas de daltonisme le plus courant se trouvent sur le chromosome X.

Rappelons le, en général l’humain possède 46 chromosomes arrangés par paires, dont 2 chromosomes que l’on appelle chromosomes sexuels : ce sont les chromosomes X et Y.

Ces chromosomes sont, comme leur nom l’indique, notamment responsables de l’apparition des caractères sexuels. Les femmes cisgenres, les hommes transgenres possèdent 2 chromosomes X tandis que les hommes cisgenres et les femmes transgenres n’ont quant-à-elleux qu’un seul chromosome X (sur lequel sont présents les gènes codant pour les pigments rétiniens), et ont en plus un chromosome Y qui ne rentre pas en jeu dans la vision des couleurs. 

 

    C’est justement le nombre de chromosomes X d’une personne qui détermine le pourcentage de chance qu’elle soit daltonienne.

En effet, l’allèle du daltonisme est récessif, c’est à dire que si une personne possède 2 chromosomes X (ou plus si atteinte du syndrome de Klinefelter (personne intersexe)) dont un seul est porteur des mutations, elle ne sera pas affectée mais sera vectrice (elle pourra transmettre l’allèle muté à ses enfants).

 

    Ainsi, le daltonisme peut sauter une voire plusieurs générations. En revanche, si un individu ne possède qu’un seul chromosome X (individus XY ou personnes avec le syndrome de Turner ne possédant qu’un seul X), il n'y a pas de possibilité de compenser les mutations, il sera forcément daltonien ! 

Voici quelques exemples : 

La forme est blanche si le sujet est "saint", ponctué de rose s'il conduit la mutation héréditaire, entièrement rose s'il est atteint de daltonisme.

Attention : Ceci vaut pour la forme de daltonisme la plus courante, qui affecte la vision du rouge et du vert. Pour d’autres cas de figure, le gène codant peut être dominant et se retrouver sur d’autres chromosomes.

Par exemple, la déficience tritan, liée à la pathologie du cône S (couleur bleue), est à hérédité dominante (chromosome 7), c’est-à-dire qu’il suffit qu’un seul gène soit muté pour être daltonien.ne.

Différents types de daltonisme


    Maintenant, penchons-nous sur les différents types de daltonisme existant : 

 

  • La Trichromatie anormale : la personne possède les 3 types de cônes et de pigments mais avec une sensibilité différente à celle de la plupart des gens. Elle peut percevoir les 3 couleurs primaires mais elles sont déséquilibrées. Il s’agit de la forme de daltonisme la plus répandue. Elle est liée à une mutation du pigment de la rétine et peut donc se présenter sous différentes modalités selon la couleur affectée :
  1. La Protanomalie : difficulté à percevoir le rouge. Liée à une mutation du gène du pigment rouge.
  2. La Deutéranomalie : baisse de sensibilité à la couleur verte. La moitié des personnes atteintes de daltonisme dès la naissance sont deutéranopes.
  3. La Tritanomalie : difficulté à percevoir le bleu. Cette forme est plus rare que les deux précédentes.

 

  • La Dichromatie : absence totale d’un des trois photorécepteurs pigmentaires de la rétine. Il en existe aussi 3 types : 
  1. La Protanopie : absence de pigments rouges. Les protanopes confondent le rouge et le bleu-vert qu'ils perçoivent crème ou gris.

  1. La Deutéranopie : absence des photorécepteurs rétiniens du vert. Les individus touchés confondent le vert et le violet.

  1. La Tritanopie : absence de pigments captant la lumière bleue. Les tritanopes confondent le bleu et le jaune-orangé qu’ils perçoivent rose.

A titre comparatif, une personne trichromate normale visualise les couleurs représentées sur le drapeau ci-contre.


 

  • La Monochromatie : absence de vision colorée. S’accompagne souvent d’une acuité visuelle réduite, une intolérance à la lumière et un nystagmus (mouvement involontaire rythmique et répété des yeux).  Selon si la personne possède des cônes ou non, on en distingue 2 grands types :  

 

  1. La Monochromatie des bâtonnets (RM) : absence de cônes. C’est une forme rare (1/30 000 dans le monde) qui porte aussi le nom d’Achromatopsie complète congénitale ou encore de Daltonisme total. L’individu  atteint de RM ne peut voir qu’en noir et blanc (avec une gamme de gris).
  2. La Monochromatie du cône (MC) : présence de cônes dont un seul type est fonctionnel. Le plus souvent, seuls les cônes bleus sont présents. Les autres cas sont extrêmement rares (1 personne sur un million). La vision se fait aussi en noir et blanc (avec une gamme de gris), et ne relève que des bâtonnets et des cônes bleus dans le cas ci-dessus.
    Ce syndrome affectant moins d’une personne sur 100 000, est dû à des mutations dans un seul gène d’opsine hybride rouge ou rouge-vert (voir partie causes du daltonisme), ou encore de mutations dans les gènes d’opsine rouge et vert, ou enfin de délétions dans la LCR adjacente sur le chromosome X.

Voici un petit tableau récapitulatif : 

Diagnostic


    Le dépistage du daltonisme est extrêmement simple et peut se faire dès l’âge de 3-4 ans.

À cet âge, la distinction des nuances de couleurs est globalement mise en place mais c’est à 6 ans que le test sera plus concluant, surtout si l’enfant est atteint d’une anomalie légère, plus difficile à détecter.

 

    Il existe plusieurs tests que nous allons évoquer, mais le plus connu et utilisé est la table d'Ishihara.

Il y a un rond fait des petits points jaunes orangés, et au centre, fait d’autres petits points, le chiffre 7.
Il y a un rond fait des petits points de différentes teintes de vert, et au centre, fait d’autres petits points, le nombre 29.
Il y a un rond fait des petits points gris marrons, et fait d’autres petits points, un chemin rouge violacé.
  • Le test d'Ishihara : c’est un test ayant pour but de détecter si la personne est atteinte de daltonisme, mais aussi de quel type elle est atteinte. Il est très efficace pour détecter les protan et les deutan (son taux de fiabilité est de 98%).
    En revanche, il n’est pas quantitatif : un trichromate avec une très légère anomalie fera presque autant d’erreurs qu’un dichromate.

    Son nom vient de l’ophtalmologue Shinobu Ishihara qui l’a inventé en 1917. Il est composé d’une mosaïque de points colorés qui forment au centre des chiffres, dessins ou chemins discernables uniquement par le changement de couleur (les saturations de tous les points colorés sont différentes pour éviter que l’individu atteint de daltonisme ne distingue les symboles grâce à leur luminosité).

    Vous pouvez trouver ce test en cliquant ici.
Une version plus simple existe aussi pour les enfants.


  • Le test de Farnsworth : il consiste à classer 84 jetons noirs pourvus d’une pastille colorée désaturée dans 4 catégories de couleurs (ex : bleu-vert à pourpre bleu).

Il y a un brin de laine rouge, un vert et un violet de référence, puis 40 autres brins de laines appelés écheveaux. En haut de chaque brin de laine il y a un disque coulissant en métal qui cache le numéro pour la correction.
  • Le test de Holmgren : se base sur le classement de 75 ou 49 fils de laine colorés. En une minute, il faut, sur un fond gris, les rapprocher  des échantillons ayant la teinte la plus proche. Ce test est aujourd’hui très peu utilisé car au fil du temps les fils de laine ternissent.

  • L’analoscope de Nagel : c'est un instrument qui projette 2 cercles lumineux afin d’en former un troisième. L’un des 2 cercles est jaune, l’autre est constitué d’un mélange réglable de rouge et de vert. Le but est d’obtenir un cercle central jaune en faisant un mélange additif rouge-vert équilibré. Ainsi, l’individu protanomal augmentera le rouge car le mélange lui paraîtra verdâtre alors que le deutéranomal ajoutera du vert car le mélange lui paraîtra rougeâtre.

Il existe d’autres tests semblables afin de détecter la protanomalie (anomalie dans la vision du bleu).


LE SAVIEZ-VOUS ?


    Le mot « bleu » existe bien plus souvent dans le langage des populations qui ont un taux de Daltonisme plus élevé.