La Dégénérescence Maculaire Liée à l’Âge (DMLA) est la première cause de handicap visuel après 50 ans.
Chaque année, 500 000 nouveaux cas sont détectés dans le monde dont presque la moitié en Europe.
Particulièrement connue pour les taches noires qu’elle forme au centre de la vision, elle peut devenir très gênante dans la vie de tous les jours : selon le degré d'avancement de la maladie, il peut devenir impossible de lire, de conduire ou de reconnaître les visages.
Et ce parce qu’elle touche la macula, la zone centrale de la rétine.
Penchons-nous sur cette maladie chronique qui touche près d’un quart des français de plus de 75 ans.
Juste avant la DMLA, on peut observer un stade précoce, appelé maculopathie liée à l’âge.
Le plus souvent sans symptômes, cette phase est caractérisée par une mauvaise élimination des pigments visuels qui devraient être renouvelés, et qui forment alors des dépôts (drusens) sur les cellules de l'Épithélium Pigmentaire Rétinien (EPR).
Elle peut rester stable tout au long de la vie ou dans la moitié des cas évoluer en DMLA.
Il existe 2 formes de la DMLA :
L’alimentation possède un fort impact sur l’apparition et l’évolution de la DMLA.
Certains compléments alimentaires peuvent faire diminuer les risques de développement d’une dégénérescence maculaire. On peut citer les vitamines A, C, le zinc, la
zéaxanthine, la lutéine contenue dans les légumes verts foncés comme le brocoli, les épinards ou le chou vert, les oméga-3 contenus dans les poissons d’eau froide comme le saumon ou la
sardine.
En revanche, ne consommez pas trop d’acides gras saturés : ils peuvent créer des plaques de lipides sur les parois des artères et ainsi limiter
l’afflux de sang jusque dans la rétine.
Faites du sport autant que vous le pouvez ! Si vous pratiquez du sport 3 fois par semaine vous pouvez baisser la progression de votre DMLA de 25%.
Testez-vous ! Si vous avez plus de 50 ans, en plus de vos rendez-vous réguliers chez l’ophtalmologue, on vous conseille de faire cette auto-évaluation assez souvent, d’autant plus si vous êtes à risque ou si vous avez des antécédents dans la famille !
On vous propose ici de faire le test de la grille d’Amsler, mais il fonctionne avec toute page quadrillée dont les lignes sont suffisamment contrastées.
Gardez vos lunettes si vous les utilisez pour lire. Tenez la grille à la distance à laquelle vous lisez habituellement. Fermez un œil (ou recouvrez-le). Fixez le point au centre de la grille, et répétez le test avec l’autre œil. Si les lignes vous paraissent déformées ou si vous voyez une tache sombre ou claire, consultez un ophtalmologiste, qui vous diagnostiquera selon ces tests.
Pour vous faire diagnostiquer, si vous avez des symptômes, aller prendre rendez-vous chez un ophtalmologiste.
Il vous fera alors faire une tomographie par cohérence optique (TCO) qui permet d’observer la rétine en coupe.
Son but est de rechercher des drusens qui sont visibles par des taches jaunâtres, et le décollement anormal et irrégulier de l’épithélium.
On cherche aussi des zones sombres entre deux soulèvements de l’épithélium qui pourraient correspondre à du liquide sous-rétinien. Celui-ci pourrait mener à une forme humide par le développement de nouveaux vaisseaux sanguins.
Il s’agit d’un diagnostic rapide, indolore et sans effets secondaires.
Mais ces signes pourraient aussi être la preuve d’autres pathologies (par exemple d’une dystrophie fovéomaculaire).
Par la suite, pour confirmer les hypothèses, une angiographie à fluorescence (radiographie des vaisseaux) sera réalisée afin de visualiser les vaisseaux sanguins et de repérer toute néovascularisation déjà présente ou des signes évoquant leur possible apparition future (drusens).
L’angiographie permet aussi de trouver des parties atrophiées de l’épithélium : elles sont amincies donc on voit davantage les vaisseaux passer à travers.
De nos jours (en 2021), il est impossible de soigner la forme sèche (dite atrophique).
Il est uniquement possible de pratiquer une sorte de rééducation chez un orthoptiste pour développer la partie de l’épithélium juste à côté du centre de la rétine, qui n’est donc pas touchée par la maladie.
En revanche, la forme humide peut se soigner ! Il existe même plusieurs traitements différents :
Le but de la recherche aujourd’hui est d'arriver à ralentir le vieillissement de nos cellules pour éviter les maladies comme la DMLA qui sont liées à l’âge.
Pour cela, les chercheurs ont identifié 4 gènes chez les souris qui semblent liés au vieillissement.
Si on active ces gènes, la cellule paraît beaucoup plus jeune !
Imaginez, à 89 ans vos cellules pourraient ressembler à des cellules d’embryon ! Le problème est que si ces gènes sont activés trop longtemps, cela peut générer des tumeurs.
De plus, on fait totalement perdre l’identité des cellules. On ne sait plus quelle cellule doit faire quoi : elle doit capter la lumière ou bien produire des hormones ? On ne saurait plus.
Donc les chercheurs ont eu l’idée d’activer ces 4 gènes pour quelques jours seulement : la cellule ressemble alors à une cellule embryonnaire mais garde son identité.
Ainsi, les cellules de vos yeux pourraient rester plus jeunes mais toujours ressembler et agir comme des cellules d’yeux.
Cependant, il y a des complications : il faut réussir à produire des cellules souches en grand nombre : il faut une « recette » pour chaque type de cellule, aucune recette magique universelle n’a été approuvée pour le moment.
Ensuite, il faut garder la culture pure : il ne faudrait pas qu’il y ait d'autres cellules, ni augmenter le risque de cancer.
Enfin, une fois greffées, il faut permettre aux cellules de résister au système de défense de l’organisme.
Pour cela il faut qu’elles se lient aux autres cellules et aux cellules nerveuses.
Les cellules sont d’habitude en suspension cellulaire mais les chercheur.euse.s tentent de trouver un matériel afin d’augmenter les chances de succès.
Par exemple, ils cherchent à fabriquer un tissu épithélial déjà organisé, ce qui doublerait les chances de greffe réussie.
Pour cela, ils utilisent des cellules souches de fragments de membrane amniotique humaine (qui peuvent être congelés après avoir été récupérés lors de césariennes).
La membrane amniotique a une lame basale qui ressemble à celle sur laquelle repose les cellules de l’EPR, donc les cellules vont s’y organiser en 4 semaines, former des jonctions serrées entre elles, se pigmenter et former des microvillosités.
On peut aussi les greffer préalablement sur un support synthétique comme le polyester ou le pyralène, ou bien biodégradable comme le PLGA.
Vous avez tout lu, mais vous voulez en savoir encore plus ?
Quelles sont les théories actuelles du développement de la DMLA ?
Pourquoi des drusens se forment ?
Quel lien avec l’âge ?
Lisez cette partie !
Attention : tout ce que nous allons évoquer plus bas reste, pour le moment, au stade d'hypothèses.
Alors, qu’est ce que qui produit le vieillissement ?
Ce sont des prédispositions génétiques, la glycation des protéines (quand on fixe des sucres sur des protéines) et le stress oxydatif.
On va particulièrement se pencher sur ce dernier facteur qui possède beaucoup de liens avec le développement d’une DMLA.
Mais, qu’est ce que le stress oxydatif ? C’est l’ensemble des agressions sur notre corps causées par des espèces réactives à l’oxygène (ERO). Ces espèces sont majoritairement produites par les mitochondries notamment lors de la phosphorylation qui transforme l’énergie du glucose et des acides gras en ATP, afin de fournir l’énergie à notre corps.
Pourquoi y-a-t-il plus de stress oxydatif quand l’âge augmente ?
Normalement, ces ERO sont éliminées, mais avec l’âge, nos cellules n’arrivent plus à les détruire et c’est ce qui provoque le stress oxydatif.
En vieillissant, la partie des cellules de l’épithélium rétinien avec des microvillosités s’atrophie et cela détruit donc la quantité de protéines anti-oxydantes que les microvillosités contenaient.
Ainsi, la rétine s’oxyde : il y a davantage de stress oxydatif.
Lors du vieillissement, le fer s’accumule dans l’organisme.
Or, lors de la phosphorylation de la mitochondrie, le fer est transformé en radical hydroxyl par la réaction de Fenton. Mais, le radical hydroxyl est… Une ERO ! Donc il est responsable du stress oxydatif. Plus on est âgé, plus on a de fer, plus on produit d’ERO, et plus il y a de stress oxydatif.
Par ailleurs, en vieillissant, le pigment responsable de la couleur de la peau, mais aussi de l’iris, (la mélanine), est de moins en moins présent.
La mélanine empêche une partie de la lumière de traverser l’œil, et, si il y en a moins, la lumière passe davantage. (Allez voir la partie sur l’albinisme pour en savoir plus ! )
Cela rend l’œil plus vulnérable au stress oxydatif car le stress est accentué par la présence de lumière.
De plus, les ERO (vous savez, les espèces qui génèrent le stress oxydatif), altèrent l’ADN mitochondrial car il est plus susceptible que l’ADN du noyau.
En plus, les ERO augmentent la perméabilité de la membrane des mitochondries, et modifient le potentiel membranaire nécessaire pour le stockage de l’énergie sous forme d’ATP.
Bref, les mitochondries ne fonctionnent plus normalement, et créent encore plus d’ERO et donc encore plus de stress oxydatif !
C’est un véritable cercle vicieux !
Alors, maintenant qu’on a compris pourquoi le stress oxydatif augmente avec l’âge, on va voir quel impact cela a sur la DMLA.
La DMLA est une maladie, comme son nom l’indique, liée à l’âge.
Donc l’augmentation du stress oxydatif a forcément un rôle dans tout ça… Mais quel est-il ?
Tout d’abord, sachez que les études en cours ont montré que les personnes atteintes de DMLA ont ces processus qui produisent du stress oxydatif, mais de façon encore plus prononcée.
Mais, tout le monde ne développe pas une DMLA : il faut prendre en compte les facteurs à risques.
Par exemple, le tabac et le régime alimentaire peuvent être des facteurs qui accentuent l’oxydation.
La génétique aussi est à considérer : en effet, nous avons vu plus haut qu’une mutation dans le gène ARMS2 augmente le risque de développer une DMLA. Et bien sachez que ce gène code pour une protéine mitochondriale.
La mitochondrie, et plus particulièrement son dysfonctionnement, semble avoir un grand impact sur la DMLA.
Des recherches sont faites afin de trouver un traitement utilisant des antioxydants et d’autres molécules comme l’acéthyl-L-carninitine pour cibler le fonctionnement mitochondrial.
Avec l’âge, et donc avec l’augmentation du stress oxydatif, la membrane de Bruch s’épaissit.
Ainsi, elle perd de sa perméabilité : les molécules ne peuvent plus passer la membrane et s’accumulent ce qui forme des drusens.
Ensuite, le stress oxydatif fait baisser l’efficacité de la phagocytose (le processus qui élimine notamment les microbes) des segments externes des photorécepteurs.
En temps normal, la phagocytose a pour but d’éliminer des disques d’opsine.
Dans ce cas, là, les disques non recyclés s’accumulent. Accumulation qui va être en partie à l’origine des drusens.
Mais ce n’est pas tout : cette phagocytose produit de la lipofuscine, qui ressemble à des granules phosphorescents dans les cellules de l’EPR.
La lipofuscine est cytotoxique : elle fait perdre la forme cubique et régulière des cellules de l’épithélium rétinien (EPR), ce qui conduit à une augmentation de leur volume puis à leur dégénérescence.
En plus, elle altère l’échange entre les photorécepteurs et les vaisseaux sanguins ce qui aboutit à la formation de débris et donc, encore une fois, de drusens !
Mais, vous demandez-vous peut-être, l’organisme ne fait rien pour lutter contre cela ?
En fait, si : si la quantité d’ERO dépasse un certain seuil, l’EPR augmente sa capacité de phagocytose pour essayer de se protéger et de dégrader les constituants qui l'empêcherait de survivre.
Les lysosomes sont ensuite censés fusionner avec le phagosome pour y déverser une enzyme (ici la cathepsine D) et les détruire.
C’est ce que l’on appelle l’autophagie.
Seulement, avec le trop plein de fer, on retrouve la Cathepsine D est sous une forme immature qui détruit moins efficacement.
Les constituants non détruits deviennent des déchets qui s’accumulent et vont former, encore une fois des drusens. (Il y a cependant un stade critique où la phagocytose diminue.)
Voici un schéma qui résume les grandes hypothèses du développement d’une DMLA :
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Aicha (samedi, 15 juillet 2023 20:39)
Marci bcp
David S. (samedi, 22 mai 2021 08:33)
Un excellent blog sur l’œil qui permet d’appréhender les principes de fonctionnement physico-chimiques de l’œil : une mécanique si précise et ordonnée. Les plus : les petites anecdotes sur les animaux , la couleur bleu... Chapeau bas.
King R (mercredi, 19 mai 2021 20:43)
Magnifique blog qui vaut le coup d'oeil ;)
Mrp (dimanche, 09 mai 2021 20:55)
Une superbe découverte! Beaucoup de connaissances amenées à la hauteur de tous, de très beaux schémas et de belles animations, une pointe d'amusement, un coktail parfait! J'ai pris un réel plaisirs à lire et à apprendre!
Beebaw (dimanche, 02 mai 2021 13:11)
J'ai pris un réel plaisir à découvrir ce blog, vraiment complet, interactif et parfaitement vulgarisé.
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